Cet article a été coécrit avec Mia Fievez thérapeute spécialisée en fertilité.
L'infertilité peut être une source de stress et de frustration pour de nombreux couples qui cherchent à avoir un enfant. Heureusement, la médecine moderne offre des options de traitement efficaces pour aider les couples à surmonter les défis de la conception. L'une de ces options est la fécondation in vitro (FIV), une technique de procréation médicalement assistée (PMA) qui est utilisée avec succès depuis plusieurs décennies grâce aux avancées de la médecine.
Qu'est-ce que la FIV ?
La fécondation in vitro est une technique d'assistance médicale à la procréation qui consiste à fertiliser les ovules en laboratoire afin d’obtenir des embryons puis de les transférer dans l'utérus de la femme. Cette technique est utilisée pour traiter l'infertilité chez les couples qui ont des difficultés à concevoir naturellement. La FIV est une procédure complexe qui implique plusieurs étapes, mais elle offre de bonnes chances de succès pour de nombreux couples qui ont épuisé d'autres options de traitement. En général, il s’agit de la dernière option de traitement proposée, car c’est le protocole le plus lourd existant en PMA.
Les différentes techniques de FIV
1- FIV classique
La FIV classique est la technique souvent proposée en première intention. Elle consiste à réaliser une stimulation ovarienne pour recueillir plusieurs ovules chez la femme. Les ovules récupérés lors de la ponction sont mis en contact avec le sperme du partenaire ou d'un donneur. Les gamètes sont laissés ensemble pendant plusieurs heures afin de permettre la fécondation. Les embryons qui en résultent sont ensuite transférés dans l'utérus de la femme (en une ou plusieurs fois selon la quantité obtenue), où ils peuvent se développer en un fœtus. Cette méthode est utilisée lorsque le sperme du partenaire est de bonne qualité et peut féconder les ovules par lui-même.
2- FIV ICSI
La FIV ICSI, ou injection intracytoplasmique de spermatozoïde (en anglais Intra Cytoplasmic Sperm Injection), à vos souhaits 😅, est une technique de FIV plus avancée que la FIV classique. Elle est utilisée lorsque le sperme du partenaire est de mauvaise qualité ou en petite quantité. Au lieu de laisser les ovules et le sperme se féconder naturellement en laboratoire, le biologiste sélectionne un seul spermatozoïde qui est injecté directement dans l'ovule pour assurer la fécondation. Cette technique a un taux de réussite plus élevé et est souvent recommandée pour les couples ayant des problèmes de qualité du sperme.
3- FIV IMSI
La FIV IMSI (en anglais Intracytoplasmic Morphologically Selected Sperm Injection) est une variante de la FIV ICSI, mais avec une sélection plus poussée des spermatozoïdes. Dans cette technique, le biologiste utilise un microscope à haute définition pour examiner les spermatozoïdes et les sélectionner en fonction de leur morphologie, qui est un indicateur de leur qualité. Les spermatozoïdes sélectionnés sont ensuite injectés dans l'ovule comme pour la FIV ICSI. Cette technique permet d'améliorer les chances de succès pour les couples ayant des problèmes de qualité de sperme plus importants. Cependant, elle est plus coûteuse et prend plus de temps pour les biologistes qu’une FIV classique ou une FIV ICSI, c’est pour cette raison qu’elle n’est pas proposée de façon systématique.
4- MIV
La Maturation In Vitro (MIV) est une nouvelle méthode de procréation médicalement assistée qui repose sur un procédé similaire à une FIV, mais contrairement à la FIV, la MIV consiste à prélever des ovocytes immatures. Ils sont ensuite rendus aptes à la fécondation directement en laboratoire. Une fois matures, ils sont fécondés grâce à une micro-injection. Le transfert dans l’utérus se fait deux à cinq jours plus tard.
Le principal avantage du traitement par maturation in vitro par rapport à un cycle de FIV classique est l'exclusion des médicaments de stimulation hormonale ou des hormones folliculo-stimulantes synthétique avant la ponction (ce qui écarte tout risque d’hyperstimulation). Elle est particulièrement recommandée pour les femmes atteintes du Syndrome des Ovaires Polykystiques (SOPK), pour celles qui ont déjà vécu un syndrome d’hyperstimulation par le passé, les femmes dont les tumeurs œstrogénodépendantes les empêchent de prendre des traitements pour la fertilité ou encore pour les femmes qui suivent une chimiothérapie afin de préserver leur fertilité.
Attention, il s’agit d’une technique encore novatrice et peu de centres la proposent.
Les étapes de la FIV
1. La stimulation ovarienne
La FIV est un traitement de procréation assistée médicalement qui implique plusieurs étapes. Tout d'abord, la femme subit une stimulation ovarienne pour obtenir des ovocytes matures (environ deux semaines de traitement).
2. Le déclenchement
Lorsque les follicules sont prêts et qu’ils ont la taille adéquate, une dernière injection d’une hormone spécifique est à faire pour déclencher l’ovulation.
3. Ponction
Les ovocytes sont ensuite recueillis à l’aide d’une ponction ovarienne sous anesthésie générale ou locale. Le laboratoire tri les ovocytes matures pour les préparer à l'étape suivante.
4. Fécondation
Les ovocytes matures sont immédiatement mis en contact avec les spermatozoïdes dans une boîte de culture pendant plusieurs heures pour permettre la fécondation ou une micro-injection est réalisée. Les embryons qui en résultent sont cultivés en laboratoire durant quelques jours jusqu'à ce qu'ils atteignent le stade de développement approprié (en général 3 ou 5 jours).
5. Transfert d’embryon
Enfin, un ou plusieurs embryons sont transférés dans l'utérus de la femme pour qu'ils s'implantent et se développent en un fœtus. Les embryons non transférés et de bonne qualité sont cryogénisés afin de pouvoir réaliser d’autres transferts par la suite si besoin. Le nombre d'embryons transférés dépend de plusieurs facteurs : âge de la femme, qualité des embryons, choix du centre de PMA et accord du couple.
6. Le résultat
Après le transfert, la femme peut reprendre ses activités normales en évitant de porter des charges lourdes jusqu’à la prise de sang une dizaine de jours plus tard, déterminant si une grossesse est en route ou non. Le délai d’attente dépend du stade de maturation du ou des embryons transférés et du protocole en place dans le centre de PMA.
Pour aller plus loin :
Les principales causes d’échecs d’implantation de l’embryon
Les risques associés à la FIV
Les risques associés à la FIV sont rares, mais peuvent inclure des complications liées à la stimulation ovarienne, telles que l’hyper stimulation ovarienne, qui peut entraîner des douleurs abdominales et des effets secondaires qui doivent être rapidement pris en charge afin d’éviter des complications plus importantes encore (torsion de l’ovaire, insuffisance rénale, accidents thrombo-emboliques…).
Lors de la ponction, dans de très rare cas, l’aiguille peut transpercer d’autres organes et il existe également un risque un peu plus important de grossesses extra-utérine que pour les grossesses naturelles. Ces risques sont surveillés de près par l'équipe médicale pendant et après le traitement.
Les effets à long terme ne sont pour l’instant pas identifiés, car les premiers enfants issus de FIV et FIV ICSI sont nés respectivement en 1978 et 1992.
Les chances de succès de la FIV
Les chances de succès de la FIV dépendent de plusieurs facteurs, notamment l'âge de la femme, la qualité des ovules et des spermatozoïdes et la compétence de l'équipe médicale. Le critère qui semble jouer le plus est celui de l’âge de la femme.
Taux de naissances vivantes par FIV (peut correspondre à plusieurs transferts d’embryons) aux États-Unis en 2013 :
- Moins de 35 ans : 40 %
- 35 à 37 ans : 32 %
- 38 à 40 ans : 21 %
- 41 à 42 ans : 11 %
- 43 à 44 ans : 5 %
Conclusion
La FIV est une technique de procréation médicalement assistée efficace qui a aidé de nombreux couples à surmonter les défis de la conception. Bien qu'elle soit une procédure complexe et souvent coûteuse et surtout éprouvante physiquement et émotionnellement, elle offre de bonnes chances de succès pour les couples qui ont épuisé d'autres options de traitement. Cependant, il est important de comprendre les risques associés à la FIV et de travailler avec une équipe médicale qualifiée pour minimiser ces risques. En fin de compte, la décision de recourir à la FIV est une décision personnelle qui doit être prise en consultation avec un médecin et en fonction des besoins et des préférences individuelles de chaque couple.
Pour comprendre les abréviations :
Le lexique et les abréviations de la PMA
Sources :
https://www.fiv.fr/le-taux-de-reussite-des-fiv/#:~:text=Avant 37 ans%2C une femme,à 6 %25 après 42 ans
https://www.fiv.fr/fiv-apres-40ans/
https://rams.agence-biomedecine.fr/principaux-chiffres-de-lactivite